Les paradoxes de la pensée intégrale

La pensée intégrale repose sur une série d’antinomies : trouver des outils nouveaux pour solutionner des problèmes encore en gestation ; percevoir les variables cachées (au sens mathématique du terme) et les fluctuations imperceptibles de notre environnement.

La conscience intégrale décrit l’être humain dans un cadre universel. Elle fournit un langage, un mode de pensée et des moyens d’action adaptés aux problèmes aussi bien locaux que globaux. Et cela, dans les domaines artistique, thérapeutique, sportif, institutionnel, culturel, éducatif, environnemental… Elle repose sur un concept de base, le déploiement intégral, qui peut s’appliquer à une personne comme à un groupe, à une entreprise comme à une nation, à une technique de développement comme à un modèle socioculturel… Nous sommes engagés, que nous le voulions ou non, dans une aventure qui touche à toutes les dimensions de nos vies et de nos êtres : le soi et les autres ; la société, la planète et l’univers ; le passé, le futur et l’éternel présent… Penser « intégralement » peut nous permettre de vivre pleinement et de prospérer dans la société d’aujourd’hui, à travers un ensemble d’idées et d’outils novateurs capables de nous conduire vers des comportements, des attitudes et des actes plus juste, mieux adaptés à ce monde en perpétuel changement.

La pensée intégrale est aussi une porte ouverte sur l’exploration et l’intégration de nouveaux paliers de la conscience humaine. Le développement de soi nécessite périodiquement des « tempêtes de destruction créatives », des vents de changement qui éliminent les vieilles manières de penser et d’agir, pour faire place à d’autres, nouvelles mais parfois perturbantes, dont il faut synchroniser le rythme avec celui de l’évolution générale.


Origine de la théorie intégrale.

Des chercheurs venus de divers horizons ont commencé à développer dès les années 1960, sans le savoir, des outils convergents. Des penseurs tels que Wilber avec sa théorie des quadrants, Graves, Beck et Cowan avec leur modèle de « Dynamique Spirale », nous ont permis de jeter les bases de la pensée intégrale. L’évolution des techniques de cohérence neuro-cardio-vasculaire nous ont permis d’aller plus loin. Nous proposons un chemin d’utilisation de la pensée intégrale adaptable à tous les individus, toutes les circonstances et tous les secteurs sociaux. Chacun peut cheminer vers le déploiement intégral de ses propres ressources.

Accéder à la puissance de l’intelligence intégrale pour augmenter votre concentration et votre créativité, élever votre clarté émotionnelle en abaissant vos niveaux de stress et d’anxiété, renforcer vos défenses organiques, promouvoir des performances optimales à votre corps physique, percevoir le monde comme une révélation, une joie, une découverte incessante… Toutes ces possibilités, et d’autres encore, vous sont offertes grâce au déploiement de vos ressources intégrales.

Le monde occidental est en train d’accoster aux rivages de nouveaux espaces-temps, de nouveaux « moments d’énergie ». Cela déclenche une lame de fond qui se répand sur le monde à une vitesse vertigineuse. On entend parler de « simplicité volontaire », à propos de groupes réunissant des adeptes de la décroissance, des écocitoyens, des personnes qui revendiquent le droit à la pensée et la responsabilité individuelles. Dans les villes américaines et japonaises, on assiste à l’éclosion de groupes d’individus en quête d’un mode de vie privilégiant l’entretien de la santé globale et le développement durable. C’est un véritable saut vers un nouveau palier de pensées humaines, l’émergence d’un nouveau paradigme, la quête d’un nouvel ancrage. Les structures mondiales changent à un rythme jamais encore atteint jusqu’ici, et l’ensemble de nos architectures mentales  doit évoluer à la même vitesse.

Certains percevront dans nos propos une dimension spirituelle qui peut sembler éloignée des préoccupations sociales ou économiques actuelles. Cependant, une vision de nature spirituelle ne contredit en rien l’approche scientifique. C’est même une forme de science en soi. Dans le passé, les chamans, les alchimistes, les explorateurs de la conscience humaine et les contemplatifs nous ont beaucoup appris. Aujourd’hui, la connaissance est offerte à tous, qu’il s’agisse des trésors de la littérature mondiale ou des aspects cachés des traditions les plus anciennes. Or, ces traditions ont toujours pris en compte ces potentiels de l’esprit humain qui permettent d’atteindre une forme de « fluidité cérébrale ».

Et cette fluidité est indispensable pour saisir, en même temps, un grand nombre d’informations, dans une vision non plus fragmentée mais globale. Cette approche globale qui caractérise, justement, la pensée de l’alchimiste : surveiller le tout sans quitter des yeux chacune des parties .

Il est temps d’ouvrir une brèche dans le mur de nos certitudes occidentales, d’ébranler nos convictions, nos préjugés et nos routines en nous tournant vers une approche de la nature humaine qui s’ancre dans la sagesse des enseignements les plus anciens de la planète. Le droit inaliénable à la liberté de pensée reste le privilège des démocraties. Ce fut, ne l’oublions pas, l’un des acquis de la guerre d’indépendance américaine et l’un des fondements de la notion même de Droits de l’Homme. Les personnes (fût-ce des scientifiques) dotés d’une vision spirituelle sont des penseurs libres et des chercheurs de vérité : celle enfouie dans l’espace-temps de l’univers, comme celle qui concerne le trans-temporel, la transcendance de l’esprit.


La théorie de la dynamique spirale

C’est dans les années 1950 que le Pr Clare Graves a échafaudé ce qu’il a d’abord appelé sa « théorie de l’émergence cyclique des niveaux d’existence  ». Une formule un peu barbare pour décrire une réalité certes complexe, mais très accessible et qui met magistralement en lumière la manière dont évoluent à la fois les humains et les sociétés qu’ils composent. Plus tard, dans les années 1980, ces travaux, repris et complétés, ont été baptisés « Dynamique Spirale » par les deux élèves de Graves qui se sont attelés à la difficile tâche de poursuivre les travaux du fondateur du modèle. Aujourd’hui, c’est donc sous cette appellation que l’on connaît cette théorie. Selon leurs travaux, il semble que depuis cent mille ans, les sociétés humaines aient évolué non pas en suivant une ligne droite lancée vers un futur toujours fuyant, mais comme une Spirale ; un mouvement inexorable vers plus de complexité, qui se développe à la manière d’une courbe s’enroulant autour d’un axe central et repassant périodiquement à l’aplomb des mêmes points, sur un plan supérieur.

Depuis, cette idée provocante a séduit un nombre grandissant de penseurs et de chercheurs de tous bords. D’autant que Graves a émis une hypothèse étonnante : les sociétés planétaires évolueraient par elles-mêmes, cette évolution façonnant les humains qui la composent et qui, par leur propre transformation, influenceraient à leur tour la société dans laquelle ils vivent.

Graves s’était aperçu que les niveaux respectaient une forme d’alternance, les systèmes de valeurs centrés sur l’individu succédant toujours à des systèmes de valeurs ouverts sur le monde extérieur.

Ainsi :

- les couleurs chaudes correspondent aux périodes où les systèmes de valeurs sont centrés sur l’individu
(avec un fonctionnement privilégiant le cerveau gauche) ;

- les couleurs froides correspondent aux périodes où les systèmes de valeurs sont plutôt centrés sur le groupe
(avec un fonctionnement privilégiant davantage le cerveau droit) ;

- seul le premier code, le code Beige, échappe à cette alternance car il s’articule sur la partie la plus archaïque du cerveau que l’on nomme limbique ou reptilien.

CODE COULEUR

SYSTÈME DE VALEURS

CARACTÉRISTIQUES

PRINCIPALES

TYPE DE COULEUR FONCTIONNEMENT CÉRÉBRAL
BEIGE : A-N INSTINCT ET SURVIE Couleur chaude Cerveau limbique, instinctuel
MAUVE : B-O CLANS ET TRIBUS

CÉRÉMONIES ET RITUELS

Couleur froide Cerveau droit
ROUGE : C-P FORCE ET INDIVIDUALISME Couleur chaude Cerveau gauche,

Pulsions limbiques

BLEU : D-Q OBÉISSANCE

ET RESPECT DE LA LOI

Couleur froide Cerveau droit
ORANGE : E-R MOTIVATIONS PERSONNELLES Couleur chaude Cerveau gauche
VERT : F-S COMMUNAUTAIRE

ET HUMANISTE

Couleur froide Cerveau droit
JAUNE : G-T INTÉGRATEUR Couleur chaude Cerveau gauche

avec sentiments

TURQUOISE : H-U HOLISTIQUE ET INTÉGRAL Couleur froide Cerveau droit complexe
CORAIL I-V

(Tentative)

INTÉGRALISME GALACTIQUE Couleur chaude Utilisation de toutes les horloges biocorporelles

A la découverte des « systèmes de valeurs »

Avant d’entrer dans les détails, quelques mots de ce que Graves entend par « systèmes de valeurs ». Cette expression revient très souvent dans la Dynamique Spirale. Que l’on parle d’un individu ou d’un groupe (une entreprise, une ethnie, une nation, un groupe religieux…), la notion de « système de valeurs » désigne un ensemble de concepts, d’idées, de valeurs, qui donne une certaine idée de la réalité. Cette notion se résume, pour Graves, à une question : comment perçoit-on et conçoit-on les choses ?

A partir d’une même réalité, plusieurs personnes peuvent ainsi développer des points de vue différents. Ce qui sous-tend ces points de vue, ce ne sont pas les architectures mentales des personnes qui les émettent, pas plus que leur niveau de culture ou d’intelligence. Ce sont les systèmes de valeurs opérant à l’intérieur d’eux.

Ces mêmes systèmes de valeurs peuvent être analysés au niveau d’un groupe. Prenez les loisirs. Pour un Européen, c’est un droit inaltérable. Il n’est pas envisageable que le temps de travail empiète sur celui des loisirs. Pour une grande partie des Japonais, à l’inverse, les loisirs sont un luxe auquel ils sont prêts à renoncer si cela leur permet de jouir d’une meilleure image au sein de leur entreprise. Dans ce cas, les systèmes de valeurs impliqués ne sont pas seulement personnels. Ils sont valables au niveau d’une nation.

Les systèmes de valeurs sont des « états d’esprit », des « structures organisatrices » agissant à l’intérieur d’un système (un individu, une entreprise, une ethnie, une nation…), qui provoquent une manière de voir, de concevoir, de penser. Ces systèmes de valeurs déclenchent des prises de décision et des mises en actes qui peuvent s’avérer fondamentales, que ce soit pour la personne ou pour le groupe. Dans le premier cas, elles vont avoir des retentissements sur la vie de la personne elle-même et de son environnement (sa famille, ses amis…). Dans le second cas, elles auront une influence beaucoup plus large, sur tous les membres du groupe (les salariés d’une entreprise, les habitants d’un pays…).

Nos systèmes de valeurs engagent ainsi notre futur. Ils représentent une sorte de filtre à travers lequel nous percevons ce qui constitue « notre » réalité.